La réalisatrice du troisième épisode de la série The Mandalorian, Deborah Chow, parle des scènes d’action et
de l'attachement de Werner Herzog à Baby Yoda.
Dave Itzkoff pour NY Times - 22 novembre 2019
Avec chaque nouvel épisode, "The Mandalorian" prend des tournures surprenantes dans cet univers inexploré de "Star Wars".
À ses débuts, cette série Disney Plus, créée par Jon Favreau, promettait les aventures de son personnage titre, un chasseur de primes laconique mais très compétent (Pedro Pascal) parcourant la galaxie à la recherche de sa prochaine paie.
Pourtant, cette prémisse a pris une tournure inattendue à la fin du premier épisode, lorsque le Mandalorien a découvert que la proie lucrative qu'il poursuivait était un bébé capable d'utiliser la Force et
apparemment de la même espèce que Yoda, le maître Jedi. (Pour des raisons de simplicité, nous appellerons ce personnage Baby Yoda.)
Dans le dernier épisode, intitulé "Chapitre 3 : Le péché", le Mandalorien a rendu Baby Yoda au client qui le cherchait (Werner Herzog).
Mais ébranlé par la culpabilité et les souvenirs nébuleux de son passé, le Mandalorian s'est battu pour retrouver le bébé et s’échapper dans les airs.
Maintenant, il se retrouve en fuite avec tous les autres mercenaires à sa recherche et devant le mystérieux enfant qu'il a sauvé.
Cet épisode a été réalisé par Deborah Chow ("Better Call Saul", "American Gods", "Mr. Robot"), qui réalisera également une prochaine série Disney Plus sur un autre maître Jedi "Star Wars", Obi-Wan Kenobi.
Vendredi, lors d'une interview téléphonique, elle a parlé de la réalisation du "Chapitre 3 : Le péché" et du bonheur de diriger Werner Herzog et Baby Yoda.
Voici des extraits de la conversation.
Ce troisième épisode semble être un épisode d'ouverture qui pourrait bouleverser les attentes du public quant à l'histoire que pourrait raconter "The Mandalorian".
Comment vous êtes-vous préparé à le réaliser ?J'ai eu un grand épisode dans lequel j'ai pu montrer l’aspect moral du personnage, le moment où tout change pour lui.
Tout s'est accumulé jusqu'à ce moment dans le cockpit (quand le Mandalorian décide de revenir pour le bébé).
Jon savait que c'était une scène incroyablement importante, c'est le point de non-retour, une fois qu'il a pris cette décision.
Juste là, il change sa vie.
Les deux premiers épisodes ont-ils été tournés avant que vous ne commenciez à travailler ? Aviez-vous une idée de ce à quoi ressemblerait la série ?Pas du tout. On n'a pas tourné dans l'ordre. On a filmé les épisodes 1 et 3 ensembles.
Donc Dave Filoni, un producteur exécutif qui a également réalisé le premier épisode et moi, nous avons été les premiers à y aller, et il n'y avait encore rien.
Nous avions fait beaucoup de préparation et nous étions vraiment impliqués dans le travail de l'autre et conscients de ce que l'autre faisait.
Les premières semaines d'une production, vous essayez simplement de la définir et de voir ce qui fonctionne.
Est-ce qu’il y a eu des films ou d'autres œuvres que vous avez consultés pour vous y référer lorsque vous avez préparé votre épisode ?Pour l'épisode 3, quand j'ai lu le scénario pour la première fois, j'ai eu l'impression d'être dans un western et un film de samouraï.
J'ai donc beaucoup regardé Kurosawa, il y a évidemment un sentiment de "Yojimbo" assez fort dans la bataille de rue.
Et évidemment, beaucoup de ces références étaient celles de George Lucas.
J'ai aussi apporté un peu de "Hard Boiled" de John Woo, avec le bébé dans ce film.
J'ai grandi avec beaucoup de cela - mon père est chinois et j'ai grandi avec beaucoup de films d'action de Hong Kong.
Vous travaillez souvent avec des personnages masqués.
Est-ce que cela présente des défis particuliers, pour vos acteurs ou pour vous en tant que metteur en scène ?C'est définitivement plus difficile.
Une grande partie de la façon dont nous avons travaillé avec Pedro et c'est en partie ce que Dave et moi essayions de maîtriser quand nous avons commencé à tourner, est que sa posture est devenue incroyablement importante.
Nous devions développer un langage avec son physique. Il y a beaucoup de calme dans le personnage. Tous ses mouvements sont intentionnels.
Il n'y a pas d'agitation ni de détente, de sorte qu'à tout moment, même s'il fait un petit geste ou s'il tourne la tête, cela devient significatif.
On ne pouvait pas faire cela avec son visage ou ses yeux.
En tant que réalisateur, il devient également essentiel d'utiliser la caméra pour soutenir émotionnellement ce qu'il ressent, pour l'aider à exprimer ce qu'il ressent.
Combien de temps vous a t il fallu pour mettre en scène la grande séquence de fusillade qui conclut l'épisode ?C'était un gros morceau, c'est le moins qu'on puisse dire. C'était plutôt rapide et intense, en termes de temps.
Il y a des droïdes, des marionnettes, des Mandos volants. Il y a des explosions et de la vitesse. C'était un énorme défi.
D'un autre côté, c'était incroyable. C'était un immense terrain de jeu.
Sachant que vous avez dirigé Werner Herzog dans votre épisode, l'avez-vous traité différemment ou le considérez-vous comme un acteur de plus dans votre épopée ?Normalement, on aborde les acteurs/réalisateurs en tant qu'acteurs, mais Werner est spécial.
L'un des moments les plus étranges que j'ai eu sur le plateau, et dans ma vie, a été d'essayer de mettre en scène Werner avec le bébé.
Comment ai-je fini avec Werner Herzog et Baby Yoda ? C'était incroyable. Werner était absolument tombé amoureux de la marionnette.
À un moment donné, il avait littéralement oublié que ce n'était pas un être réel et il parlait à Baby Yoda comme s'il s'agissait d'une créature réelle.
Saviez-vous dès le premier jour quel serait le phénomène Baby Yoda ?J'espérais, mais on ne sait jamais. On n'est pas sûr de quoi que ce soit. Avec le bébé, à chaque fois qu'il arrivait sur le plateau, toute l'équipe y parlait.
Même les techniciens, tous les assistants de production venaient voir les moniteurs, essayant de le voir.
Nous savions qu'il se passait quelque chose de spécial à ce sujet et nous espérions simplement que le reste du monde ressentirait la même chose.
Nous l'appelons tous "Baby Yoda", mais pour autant que nous le sachions, ce n'est pas Yoda bébé. Comment l’appeliez-vous sur le plateau ?Je m'en remettrais à Dave Filoni. Je ne vais pas essayer de m'attaquer à cela.
Je crois qu'il a dit que c'était OK que les gens l'appelaient comme ça pour l'instant. Parce qu'il n'y a pas de nom, pour l'instant.
Est-ce qu’il y a des leçons que vous avez apprises sur "The Mandalorian" que vous pouvez utiliser dans la série Obi-Wan ?Oui. L'un des plus grands avantages est que je viens de passer une année dans l'univers "Star Wars" et que j'ai eu de grands mentors avec Jon et Dave.
Je pense que c'était la meilleure formation que j'aurais pu avoir pour la suite.
Toutes ses choses, il suffit de les ressentir et de les comprendre, à un niveau instinctif, pour savoir ce qui est bien et ce qui ne l'est pas.
Et il y a tellement de connaissances, chaque accessoire, chaque costume est important. Chaque détail compte vraiment.
Quel adorable personnage du style du Baby voudriez-vous avoir dans la série Obi-Wan ?Je ne peux pas parler d'Obi-Wan, mais je ne pense pas que le Baby viendra avec nous.
Je pense que le bébé volerait la vedette.
https://www.nytimes.com/2019/11/22/arts/television/the-mandalorian-star-wars-baby-yoda.html
Ven 29 Nov 2019 - 13:40
