PAUL DUNCAN l'auteur de THE STAR WARS ARCHIVES parle de GEORGE LUCAS et de la création d'un univers.Interview réalisée par Alex Kane - Traduction Coyote pour Galaxie-starwars.com.De l'élaboration de son livre, de la façon dont il est lui même devenu créateur et l'auteur partage quelques photos rares de la trilogie originale.
Imaginez un livre de 600 pages qui pourrait non seulement vous montrer l'histoire de la trilogie classique de Star Wars comme jamais auparavant,
mais aussi vous transporter en Tunisie, ou aux studios Elstree, là ou un jeune cinéaste nommé George Lucas a forgé sa légende.
Imaginez-vous au Skywalker Ranch, ou dans les couloirs de Lucasfilm à San Francisco, avec un accès illimité à plus de quatre décennies d'archives Star Wars.
Qu'est-ce que cela fait de savoir et de voir tout ce qui s'est passé pendant la réalisation de ces films, avec Lucas comme guide personnel ?
Ce n'était, semble-t-il, pas trop demander pour l'historien du cinéma Paul Duncan, auteur de la nouvelle édition de Taschen Books en format XXL THE STAR WARS ARCHIVES.
Ce lourd tome est le rêve d'un passionné de cinéma.
Après avoir mis la main sur une copie, StarWars.com a téléphoné à l'auteur pour connaitre la somme de travail nécessaire pour un projet de cette envergure.
Et qu'est ce que cela fait de passer trois jours à discuter avec George Lucas.
StarWars.com : Vous avez fait une tonne de livres pour Taschen, qui sont bien sûr de grands ouvrages pour ceux qui aiment le cinéma.
Alors qu'est-ce qui vous a décidé d'en faire un sur Star Wars ?Paul Duncan : J'étais le premier dans la file d'attente quand Star Wars est sorti à Nuneaton, au Royaume-Uni, le 29 janvier, à la toute première projection.
Je suis arrivé quatre heures en avance. Il faisait froid, il faisait humide, il y avait du vent. Parce que j'avais vu les images en Amérique, et je me suis dit, ça va être énorme.
Ça va être plus gros que Ben-Hur. Ce sera plus gros que Autant en emporte le vent. Il faut que j'y aille.
Et bien sûr, j'étais le seul présent. C'était donc le premier film que j'ai vu tout seul.
J'ai attendu sous le vent et la pluie, et je suis entré, je me suis assis, et bang - j'étais dedans. J'étais accro. Et puis je me suis demandé, comment diable ont-ils fait ça ?
C'était tout simplement incroyable.
StarWars.com : Trente-huit ?Paul Duncan : Ouais. Donc, 38 ans plus tard, je suis en train de faire la suite de ça, dans ce très grand et énorme livre.
J'attendais ce moment, même si je ne le savais pas.
Mais ce qui m'a vraiment motivé. C’est cet intérêt, cet enthousiasme et ce désir de savoir. Tout cela a façonné ma vie.
StarWars.com : L'épine dorsale de ce livre est une interview avec George Lucas. C'était comment ?Paul Duncan : C'est une histoire orale.
Avec ce que j'ai fait au cours des dernières années, dans les livres d'archives (Ingmar Bergman, James Bond, Pedro Almodóvar, Charlie Chaplin, et évidemment Star Wars )
c'est l'histoire orale qui m'intéresse. Je m'intéresse aux gens qui étaient là, qui ont fait le travail, qui savent de quoi ils parlent.
Et ce que j'essaie de faire, c'est de le représenter au présent, parce que la plupart des livres sont écrits au passé.
Je voulais présenter le livre d'une manière qui vous donne l'impression d'y être.
Les gens qui ont fait ces films, n'avaient aucune idée de ce qui allait se passer.
Il n'y avait aucune garantie que cela fonctionne, ou que cela aurait du succès.
C'est ce que je veux faire.
Nous regardons par-dessus l'épaule de George Lucas et il n'y a pas d'opinions extérieures.
C'est un fait purement historique qui entre en jeu. Il n'y a pas de remise en question ou quoi que ce soit du genre.
Quand je préparais le livre, je n'avais aucune idée du livre que j'allais faire.
Et après environ un an de recherche, d'examen de tous les documents, de toutes les illustrations, de toutes les photographies,
je me suis rendu compte que la seule chose que je voulais savoir, c'était le pourquoi.
Le qui, quoi, où, quand, où, quand, souvent à partir de tous ces documents, des œuvres d'art, de la photographie, etc.
Mais je voulais savoir pourquoi, et la seule personne qui pouvait me le fournir était George Lucas.
Et c'est à ce moment-là que le livre s'est concentré sur George.
Je voulais savoir quelle était l'expérience de George dans la réalisation de ces films.
Je voulais être comme un petit oiseau sur son épaule, un petit porg sur son épaule, en le regardant et en l'écoutant pendant qu'il faisait les films.
C'était donc mon idéal, et une fois que je m'en suis rendu compte, il s'agissait de fusionner le texte et les images et la façon dont je présente le livre afin de montrer cette histoire.
StarWars.com : Une sorte de résumé de 600 pages du réalisateur.Paul Duncan : Bien sûr, bien sûr. J'ai eu beaucoup de chance qu'il accepte de le faire, parce que j'utilise à la fois des entrevues publiées et non publiées.
Et je ne voulais pas être dans la situation où je lui parlais et où il répétait les mêmes choses qu'il a répétées à tout le monde un million de fois.
Ce que je voulais faire, c'était de me concentrer sur certains moments, ou sur certaines idées, ou sur son raisonnement envers certaines choses et d'examiner.
Et aussi sa philosophie derrière la saga.
Je lisais déjà des interviews quand il faisait la promotion pour American Graffiti (c'était des années avant la sortie de Star Wars).
Et il disait : "Oui, je travaille sur un nouveau projet appelé The Star Wars, et c'est un mélange entre Lawrence of Arabia, 2001, et James Bond."
Mais il y avait un autre fil conducteur, il avait été très agréablement surpris par le lien qu'il avait établi avec les jeunes sur American Graffiti.
Une partie de la raison pour laquelle je parle de THX 1138 et d'American Graffiti dans le livre est que je voulais montrer le développement de George en tant que réalisateur,
mais aussi en tant que penseur et montrer comment ses expériences sur ces films ont influencé sa philosophie sur Star Wars.
Par exemple, sur American Graffiti, il a été vraiment, vraiment touché par la façon dont les gens ont réagi.
Ils comprenaient tout et l'idée des rites de passage et des changements dans la vie des adolescents.
C'était réel pour les gens.
Et THX 1138, même s'il avait été très bien accueilli par la critique, n'a guère rapporté d'argent.
Il s'entraînait. Pourquoi ça ? Et THX est critique et sarcastique ; c'est de l'humour noir ; ça vient de son esprit. C'est intellectuel.
American Graffiti était quelque chose qui venait de son cœur et de sa vie.
Et il s'est rendu compte qu'il se connectait aux gens, il voulait poursuivre cette idée pour son prochain projet, sur Star Wars.
Il y a eu un certain moment dans le développement de Star Wars où il a eu l'occasion de choisir entre Apocalypse Now,
qu'il avait développé avec John Milius, et Star Wars.
Et Apocalypse Now était, comme il l'envisageait, plus une comédie noire.
Plutôt une sorte de film indépendant de type "found-footage" - plus proche, disons, du MASH original de Robert Altman ou de Catch-22.
Quelque chose dans ce genre.
Alors que Star Wars était beaucoup plus positif, il s'adressait aux enfants de 12 ans, et il était aussi beaucoup plus étroitement lié à ses préoccupations extérieures.
Quand il est allé à l'université, il a découvert qu'on pouvait étudier l'anthropologie.
George avait collectionné - en plus d'avoir des étagères pleines de bandes dessinées dans sa remise quand il était enfant - des tonnes et des tonnes de National Geographics,
qu'il aimait, absorbait et dévorait.
A l'université, il a découvert l'anthropologie et l'idée que tous ces différents aspects de la religion et de la mythologie s'unissent en un mythe universel, selon Joseph Campbell,
comme dans le livre de James George Frazer, Golden Bough, qu'il lit aussi.
Et le projet Star Wars est vraiment né de cet intérêt pour l'anthropologie, et de l'idée de ce lien avec les jeunes, et il essayait de faire quelque chose qui montre les règles de vie
que les jeunes pouvaient absorber à travers cette nouvelle mythologie qu'il faisait dans Star Wars.
StarWars.com : Le livre explore l'obsession de Lucas pour le documentaire.
À un moment donné, il dit qu'il a une préférence pour l'édition.
Il dit qu'il n'aime pas vraiment écrire ou réaliser, mais qu'il adore monter. Est-ce que ces choses vont un peu de pair ?Paul Duncan : Je pense qu'il se sous-estime vraiment, parce qu'il est très sous-estimé.
Et parce qu'il le répète, les gens ont tendance à croire que c'est vrai.
Mais ce n'est pas le cas. Vous savez, c'est un écrivain fantastique. C'est un conspirateur fantastique.
Et l'une des choses qui m'a le plus surpris, lorsque j'ai parcouru les dialogues originaux et les scénarios, c'est que presque tout est George.
Je ne veux pas sous-estimer ou écarter d'autres personnes qui ont écrit sur ces films, mais j'ai été vraiment, vraiment surpris de voir à quel point c'était George.
Il y a de bonnes répliques là-dedans.
StarWars.com : Ce qui m'a frappé au début, c'est à quel point vous entrez dans le détail de ses années d'études cinématographiques,
de ses intérêts et des projets qu'il a réalisés plus tôt avec d'autres personnes.
Vous prenez en quelque sorte votre temps pour arriver à Star Wars, et cela vous place dans cet espace thématique. Cela fonctionne.Paul Duncan : C'est une continuité. J'essaie de montrer que son travail est une chose. Lui.
J'essaie de montrer quelles sont ses influences, et cet aspect de sa vie.
Mais nous sommes aussi plus qu'une chose. Nous sommes tous multitudes ,nous sommes tous des légions.
Et le fait que nous nous exprimons d'une certaine façon ne signifie pas tout. George c'est plus que cela et c'est un gars vraiment sympa et cool.
StarWars.com : Vous l'avez personnellement interrogé en Californie, alors ?Paul Duncan : Ouais, ouais, ouais. J'étais au ranch.
Je faisais des recherches au Presidio pour toutes les photographies, je regardais tous les originaux, puis je me rendais au ranch pour faire des recherches sur toutes les œuvres d'art originales
et je les examinais. Ensuite, j'examinerais tous les documents de production qui se trouvent au ranch.
Et les coupures de presse à la bibliothèque de recherche Lucas.
Après environ un an, j'ai réalisé la forme que prendrait le livre - qu'il devait vraiment être porter sur George - et c'est là que j'ai demandé à l'interviewer.
Donc, pendant trois jours non consécutifs, je suis allé l'interviewer dans son bureau au Ranch. Ce qui était assez incroyable.
Mais ce qui est ressorti, c'est que George est tellement fan de Star Wars.
Vous savez, il a commencé à me parler de parsecs, non ? Et j'ai dit : "George, d'où sors-tu tout ça ?" Et il dit : "J'ai rien de mieux à faire."
J'étais stupéfait, et j'avais l'impression d'avoir à peine gratté la surface après lui avoir parlé.
Il a abordé en détail tous les aspects de l'arrière-plan, de l'histoire, des personnages, des véhicules et des différents dispositifs.
Et on ne fait qu'en voir la surface dans les films.
Et je pense que cela fait partie de l'authenticité de ce monde et il a passé tant de temps avec ces personnages et ces mondes.
Cela lui a permis d'y vivre pendant de très, très longues périodes et de s'épanouir.
Quand on écrit quelque chose, on fait beaucoup plus que ce qui est visible dans l'œuvre finale.
Il a construit, dans son esprit, l'univers formidable, très diversifié et très détaillé de Star Wars.
Et George adore ça. Il adore Star Wars, il adore sa création. C'est ce dont il rêvait.
StarWars.com : Vous avez déterré des choses que l'on n'a jamais vu dans les livres précédents.
Vous avez des annexes sur le Holiday Special, les films faits pour la télévision, les dessins animés Droïdes et Ewoks. On a le droit d'en reparler. Cela vous a-t-il surpris ?Paul Duncan : Quand je fais un projet, je demande toujours ce que je veux et j'espère l'obtenir.
Et avec le Holiday Special, j'en ai compris l'histoire. Mais ce qui m'intéressait dans le Holiday Special - et j'en ai parlé à George - c'est que je ne comprenais pas comment cela s'était produit,
et je ne comprenais pas pourquoi George n'avait pas plus de contrôle sur ce show.
Et George a répondu qu'il avait appris la leçon.
Le fait qu'il n'en ait pas pris le contrôle, qu'il ne s'en soit pas occupé et qu'il ne l'ait pas dirigé comme il aurait dû l'être, est une leçon qu'il a apprise.
Donc, avec cette déclaration, il montre comment il lui a échappé, j'ai pensé que c'était important pour le livre.
Parce que ça montrait que George apprenait. Il ne faut pas oublier que c'est une chose d'être un écrivain, un directeur de la photographie ou un monteur.
Mais pour ensuite devenir réalisateur, puis producteur, les responsabilités et les compétences sont très différentes pour chacun de ces emplois.
Il y avait beaucoup de pression sur George pour qu'il fasse Empire et je pense qu'il avait peut-être une balle de trop pour jongler.
Et je pense que c'est la leçon qu'il a apprise à l'émission Holiday Special et avec les autres - sur les films des Ewoks, et l'animation sur Ewoks et Droids, il y avait plus de contenu.
J'ai été surpris de la quantité de documents qu'il y avait, tant sur le plan de la production que sur le plan visuel. Et il y a des choses formidables.
Finalement, j'ai été un peu déçu d'avoir si peu de pages.
Relié, demi-reliure, 41,1 x 30 cm, 604 pages
Les Archives Star Wars: 1977–1983 (En anglais)
€ 150
Une édition française sera disponible en 2019.
L’édition anglaise peut être commandée dès maintenant.
Le mot de l'éditeur (Taschen France)En 1977, Star Wars apparaît avec fracas sur nos écrans de cinéma et depuis, le monde n’est plus le même.
Après les films déprimants et cyniques qui ont émaillé le début des années 1970, le public accueille avec enthousiasme l’énergie positive de l’univers Star Wars,
suit avec ferveur le parcours initiatique du garçon de ferme Luke Skywalker, de planète en galaxie,
et adopte les personnages extraordinaires qu’il rencontre en cours de route, comme le mystérieux ermite Obi-Wan Kenobi, les corsaires de l’espace Han Solo et Chewbacca,
les fidèles droïdes C-3PO et R2-D2, la courageuse Princesse Leia et le terrifiant Dark Vador, le sombre empereur suppôt de la force obscure.
L’auteur, réalisateur et producteur George Lucas a créé le monomythe moderne de notre temps, qui trouve une résonance chez l’enfant que nous sommes tous restés.
Il y est parvenu en montant Industrial Light & Magic, société au sein de laquelle il a développé des technologies de pointe en matière d’effets spéciaux qu’il a combinées avec des techniques de montage novatrices et une bande son puissante pour offrir au public une expérience cinématographique et sensorielle unique.
Dans ce premier volume conçu avec la participation totale de Lucasfilm, c’est George Lucas lui-même qui nous raconte l’histoire et nous plonge dans le processus de fabrication de la trilogie originelle –
l’Épisode IV: Un nouvel espoir, l’Épisode V: L’Empire contre-attaque et l’Épisode VI: Le Retour du Jedi – à travers de multiples détails passionnants qui dévoilent la création de son univers unique.
Cet ouvrage format XXL renferme une profusion de pages de scénario, de documents de production, d’esquisses, d’extraits de storyboards, de photos de plateau, de photogrammes et d’affiches,
nous entraînant dans une véritable exploration de la saga originale racontée par son créateur.
À propos de l’auteur
Paul Duncan est un historien du cinéma qui a notamment publié chez TASCHEN Les Archives James Bond, Les Archives Charlie Chaplin, The Godfather Family Album,
Taxi Driver, Film Noir et Le Cinéma d’horreur, ainsi que divers ouvrages sur des réalisateurs, des genres cinématographiques, des vedettes du grand écran ou les affiches de film.Crédit photos : Courtesy TASCHEN/TM & © 2018 LFL. All Rights Reserved.
https://www.starwars.com/news/the-star-wars-archives
https://www.taschen.com/pages/fr/catalogue/film/all/01170/facts.les_archives_star_wars_19771983.htm